Je laisse de côté mes préjugés sur cette poupée aux mensurations irréalistes pour retomber en enfance et admirer les 700 poupées Barbie exposées au Musée des Arts Décoratifs à Paris jusqu’au 18 septembre 2016.
Un peu d’histoire
Au XVIIIe siècle, la poupée de mode désigne 3 objets : le jouet, une miniature (une poupée qui porte les modèles réduits des costumes réalisés à taille humaine), et le mannequin de boutique. Trop précieuse et trop fragile, la poupée de mode était rarement confiée aux mains des enfants.
En 1945, Ruth et Eliott Handler avec Harold Matson créent Mattel, un entreprise de fabrication de jouets. Ruth Handler se met à imaginer une poupée de mode en trois dimensions en regardant sa fille Barbara (qui a donné son nom à Barbie) jouer avec des poupées de papier.
Lorsque cette poupée voit le jour en 1959, ses longues jambes, sa taille fine et sa poitrine avantageuse sont vues comme une provocation.
Pourtant le succès fut immédiat auprès des enfants. Ce premier modèle était habillé d’un maillot de bain. Le choix de la thème de la plage est important puisque c’est la période de la démocratisation des vacances d’été.
Rapidement Mattel a mis en place un secrétariat pour Barbie, ayant beaucoup d’admirateurs elle reçut très vite autant de courrier qu’une star hollywoodienne.
Les débuts de Barbie
Lors de sa création Barbie révolutionne le monde des poupées qui jusqu’à présent proposait aux petites filles l’unique rôle de maman. Ruth Handler a fait de Barbie un modèle de jeune femme glamour et refuse donc que Barbie soit mariée ou mère de famille. Elle a différentes carrières (infirmière, astronaute, hôtesse de l’air, employée de bureau) et devient un témoin de l’évolution du rôle de la femme.
Alors oui Barbie a dès le départ un physique de mannequin improbable, mais elle est indépendante, elle n’a pas de mari et travaille, contrairement aux femmes de cette époque qui sont au foyer et s’occupent des enfants et de leur mari.
Barbie vit un nouveau changement majeur en 1977, avec un nouveau corps, toujours plus marqué, et un nouveau visage dont l’axe majeur est la mode : Barbie Superstar. Suivent la créations des supermodels des années 1980 et 1990. C’est aussi la création du fameux Rose Barbie, répertorié par Pantone (Nuance 219C).
C‘est à ce moment-là qu’on peut dire « …et là c’est le drame ! ».
Barbie Superstar devient la plus importante représentation de Barbie.
Ensuite à partir de 2000, deux directions différentes sont prises, la première se rapproche de l’adolescente, physiquement plus juvénile et la seconde a pour thématique les princesses.
Aujourd’hui, Mattel diversifie encore sa gamme et propose maintenant des poupées Barbie avec différentes morphologies.
Barbie et les médias
Barbie est omniprésente dans les médias, mise en scène dans de nombreux films, elle possède ses propres dessins animés. Que ce soit au premier ou au second degré, les poupées fascinent et sont utilisées très régulièrement. Barbie est même l’objet d’une chanson d’Aqua.
Petite info intéressante signalée par Mattel
Le corps de Barbie n’a pas été pensé pour être réaliste, mais pour pouvoir être facilement habillé, tout comme celui des poupées de mode du XIXe siècle.
Haute-Couture
Un lien très fort existe entre la célèbre poupée et la Haute Couture. Quelques-unes de ses robes de collections sont ainsi signées par de grands couturiers, parmi lesquels Thierry Mugler, Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier, Agnès B, Cacharel ou encore Christian Louboutin.
Karl Lagerfeld a sorti une série de photos mettant en scène Barbie et un ours en peluche Steiff.
La série de photos ci-dessous a été réalisée par Giampaolo Sgura pour le magazine Vogue en décembre 2014 Moschino, Dolce & Gabbana, Dior, Louis Vuitton, Yves Saint-Laurent, Miu Miu et Chanel.
Art
Barbie inspire de nombreux artistes, comme on peut le découvrir avec son portrait réalisé par Andy Warhol en 1986. Cette œuvre, l’une des dernières de l’artiste, fait de Barbie une icône absolue.
A droite ci-dessous, Olivier Rebufa met en scène Barbie dans de drôles de situation. Il intègre ses autoportraits dans ses compositions.
Valérie Belin est sa série de mannequins maquillés en Barbie, elle remet en cause la frontière entre le réel et l’imaginaire.
On retrouve le Barbiefoot, que des clermontois connaissent puisqu’il en existe 8 exemplaires dans le monde et il y en a un au Centre Jaude 2 à Clermont-Ferrand. Cette œuvre originale réalisée par la designer Chloé Ruchon en partenariat avec Bonzini, spécialiste du baby-foot.
A gauche, Marianela Perelli et Emiliano Paolini représentent des figures religieuses et font de Barbie une icone dans tous les sens du terme.
Célébrités
De nombreuses éditions limitées sont éditées, on peut voir des éditions Star Trek, Marilyn Monroe, X-files, Grease…
Dernièrement on a pu la voir dans la série Mad Men, et une série limitée de Barbie inspirée de la série a été commercialisée.
Mon avis
J’ai aimé retrouver l’univers de Barbie, voir son évolution depuis 57 ans.
L’expo n’est pas fait que de rose, la poupée est valorisée avec une scénographie sympa. Je me suis perdue devant les centaines de poupées à chercher celles qui ont fait partie de ma collection (et j’en ai trouvé plusieurs !).
Barbie fait aujourd’hui partie des jouets mythiques pourtant elle essuie régulièrement de nombreuses critiques. Je suis d’accord avec le fait que Matell, aujourd’hui, use et abuse des clichés. Mais je ne pense pas qu’avoir joué avec des Barbie a fait de moi une femme écervelée qui veut devenir une princesse et cherche à tout prix à être physiquement parfaite. Barbie n’est pas un modèle à suivre, c’est simplement un support pour l’imagination des enfants.
En rentrant de Paris dans le train une petite fille assise à côté de moi, une Barbie en main, lui faisait vivre une drôle d’aventure. Finalement le plus important c’est de ne pas oublier que cette poupée n’est qu’un jouet.
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BARBIE
du 10 mars au 18 septembre 2016
Les Arts décoratifs
107 rue de Rivoli
75001 Paris
www.lesartsdecoratifs.fr
7 Comments
just anais
29 avril 2016 at 10 h 29 minHello Sauvazine,
Super article complet dis donc 🙂
Bisous & merci pour ton passage sur mon blog
Anaïs du blog : http://just-anais.blogspot.fr/
Sandrine
3 mai 2016 at 13 h 21 minTrès chouette article Sauvazine qui ne fait que confirmer l’envie que j’avais de faire cette expo cet été durant mon séjour à Paris.
Sauvazine
6 mai 2016 at 15 h 11 minMerci beaucoup Sandrine, j’espère qu’elle te plaira si tu vas la voir !
Sandy
5 mai 2016 at 11 h 09 minC’est vraiment un très bel article. Je comptais y aller aussi, pendant les vacances et ton avis m’a vraiment conforté dans cette idée. Et je rejoins ton avis final sur le fait que malgré les critiques, il ne faut pas oublier que ça reste un jouet.
Bon après-midi 🙂
Sauvazine
6 mai 2016 at 15 h 10 minMerci beaucoup, ton message me touche beaucoup ! J’espère qu’elle te plaira autant qu’à moi, bon après-midi à toi aussi 🙂
Marieb
9 mai 2016 at 11 h 02 minMerci pour ce reportage photos et textes sur la saga Barbie, cela me donne envie d’y faire un tour. Pourtant au départ pas attiré par cette expo…. comme quoi l’on peut changer d’avis !!!
Sauvazine
9 mai 2016 at 11 h 20 minMerci Marie ! J’étais très curieuse de voir quel type d’exposition ils allaient construire autour de la poupée et j’ai beaucoup aimé les thématiques abordées ! 🙂