Sauvazine

Un blog qui parle de voyages, d’expositions, d’événements culturels en France et à l’étranger, de découvertes en tout genre avec aussi une rubrique pochette surprise qui me permet de vous parler d’une thématique particulière ou d’aborder un sujet qui me tient à coeur.

J’aime présenter mes voyages sous forme d’une journée parfaite. Les créneaux horaires permettent de rythmer mon récit et de parler de tout, restaurants, visites, musées, soirées, clubs. Parfois un cityguide complète l’article et je vous donne toutes mes bonnes adresses. Je vous partage mes coup de coeurs, mes rencontres, les mythes et légendes des lieux où je passe.
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Dans les coulisses d’un opéra de Mozart

 

Depuis un mois, je me faufile dans les coulisses de la création d’un opéra : L’enlèvement au Sérail de Mozart mis en scène par Emmanuelle Cordoliani.

L’opéra, un art qui ne m’est pas familier. Le seul opéra que j’ai vu c’est Carmen, l’opéra de Georges Bizet lors d’un voyage à Budapest (pas encore publié sur le blog, bientôt bientôt). Une expérience qui m’avait beaucoup plu mais jamais retenté. Lorsque que Fanny, chargée de l’information au Centre Lyrique de Clermont-Auvergne m’a contactée pour me proposer de suivre la création d’un opéra, ma curiosité a pris le dessus et j’ai tout de suite été emballée. Merci Ghislaine pour lui avoir soufflé l’idée ! D’ailleurs pour lire un autre point de vue sur cette oeuvre et notre rencontre avec l’équipe, je vous invite à vous rendre sur le blog de Ghislaine, qui écrit 3 articles sur le sujet.

Nous avons participé à 3 répétitions3 temps complètement différents, nous avons pu voir la construction et l’évolution de la création de l’opéra et surtout nous avons fait de belles rencontres. J’ai longtemps tourné et retourné le sujet dans tous les sens, j’ai eu du mal à définir l’angle de mon article. J’ai choisi de le scinder en 2 parties, une première partie consacrée aux a priori que l’on peut  avoir sur l’opéra, des choses que j’ai entendu quand j’ai parlé de ce projet autour de moi et sur lesquelles je voulais donner mon point de vue. La seconde partie parle de mes rencontres, toutes ces personnes passionnées et passionnantes vivant de leur passion.

Parler d’opéra, un sujet complexe… Je ne suis pas une experte, je n’ai jamais fait de musique (excepté les cours de musique au collège, cette petite initiation à cet art si vaste). Je ne parlerai donc pas de technique, aucun jugement sur les choix, l’esthétisme,… Je me concentre uniquement sur les émotions, de ressenti ce qui me semble être le plus important. A partir du moment où l’on parle d’un art, la seule chose importante est la transmission d’une émotion quelle qu’elle soit.

L’opéra et ses a priori

 

Comme je l’ai déjà expliqué, je connais très peu le domaine de la musique classique et contemporaine, dans lequel figure l’art de l’opéra. Mes proches sont comme moi assez peu sensibilisés à cet art, et lorsque j’ai parlé de ce projet autour de moi, voilà quelques phrases que j’ai pu entendre, que vous pourriez aussi penser et il me semblait important de vous donner mon avis.

 

L’Opéra, je n’y suis jamais allé.e mais ce n’est pas pour moi…

Il existe encore et toujours une croyance collective qui laisse penser que l’opéra est réservé à un public d’initiés. Faux, l’opéra est accessible à tous, c’est une histoire racontée d’une manière particulière puisque l’opéra est une oeuvre musicale et théâtrale. Il y a donc du chant, du jeu de comédien, de la danse, un orchestre, des costumes, des décors. On en prend plein les yeux ! Petite précision qui a son importance, les textes sont surtitrés en français donc aucun problème de compréhension.

 

De toute façon, c’est vraiment trop long…

Alors oui parfois l’opéra c’est long, c’est très long… Un opéra de Wagner peut durer plus de 4 heures, ici L’enlèvement au Sérail dure 2h30, entracte compris. Ce n’est pas plus long qu’un film au cinéma. Contrairement au ciné, ici il y a un entracte pour s’échapper discrètement si ça ne vous plait vraiment pas.

Un opéra de Mozart ? Encore un truc impossible à comprendre.

Pour comprendre l’oeuvre présenté il faut connaitre les 2 niveaux d’écriture, la première étant l’originale et la seconde celle du metteur en scène.

Le premier niveau, c’est l’oeuvre originale de Mozart. L’histoire d’une jeune espagnole Konstanze, sa servante, Blonde, et l’amant de celle-ci, Pedrillo, ont été faits prisonniers par des pirates et vendus au pacha Sélim. Le jeune noble espagnol Belmonte, l’amant de Konstanze, est parvenu à découvrir l’endroit où se trouvent les trois captifs surveillés par le gardien du Sérail, Osmin. Belmonte et Pedrillo montent un projet d’enlèvement qui fonctionne, mais au moment de prendre la fuite, les deux couples sont pris au piège. Le pacha Selim, décide finalement de leur rendre la liberté.

Le second niveau, l’adaptation écrite par Emmanuelle Cordoliani.

1930. Le Tout-vienne se damne pour une invitation au très sélect Sérail Cabaret. Que n’a-t-on pas dit sur le Sérail? Le Pacha y séquestrerait la Konstanze, sa me- neuve de revue. Les invités ne pourraient en repartir qu’après s’être acquittés d’une rançon somptuaire…
Tout le monde sait que, depuis les débuts au cinéma de son chanteur de charme, Belmonte, tout est sens dessus-dessous au Sérail. Mais ce soir, pour une représentation unique, Belmonte revient auréolé de ses succès hollywoodiens. Bien chanceux sont ceux qui pourront entendre la troupe reconstituée du chef d’oeuvre de Mozart… plus heureux encore ceux qui seront aux premières loges pour les retrouvailles de la belle Konstanze et de son premier amour. Ils verront de leurs yeux, jusqu’où la passion peut mener le Pacha.

Voilà, la base est définie, autour de cette histoire il y a des enjeux, des sentiments, des choses que l’on ne comprend pas forcément, chacun doit se faire son idée et surtout chaque personne utilise son imaginaire pour créer sa propre interprétation. Emmanuelle Cordoliani nous l’a rappelé en expliquant que l’on ne comprend jamais tout à une histoire d’amour, pour l’opéra c’est pareil.

 

Une histoire d’amour, rien de très original…

Alors là détrompez-vous L’Enlèvement au sérail aborde des différents sujets qui sont d’ailleurs d’actualité : le droit des femmes, la liberté d’aimer, l’emprisonnement.

 

C’est à l’ancienne 

Alors oui, une des contraintes de l’opéra ce sont les partitions qui sont intouchables. Aucun modification n’est permise d’un point de vue de la musicalité, aucun note, aucune parole ne peuvent être changés. Les partitions ont été présentées pour la première fois en 1782, donc évidement ce n’est pas hyper actuel.
Mais un opéra c’est aussi du théâtre et toute cette partie parlée est totalement modifiable, c’est ce qu’a fait Emmanuelle Cordoliani ici. Cette adaptation fait basculer cette histoire dans un palais turque fantaisiste à un cabaret des années 30 à Vienne, et c’est là que ça devient interessant. Les décors, les costumes, les textes tout tourne autour d’une soirée privée dans le Sérail Cabaret.

 

Je déteste le classique 

Alors là, je ne peux pas vous forcer à aimer la musique classique et surtout le chant lyrique. Simplement vous faire prendre conscience que la musique classique fait partie de notre quotidien. Dans les films, la publicité, très régulièrement nous écoutons des airs de célèbres compositeurs, et sans ça pas d’émotion. Alors pourquoi pas mettre ses a priori de côté pour quelques minutes et se laisser porter par l’orchestre et ces voix incroyables (et je peux vous affirmer que c’est très impressionnant de se trouver face à un chanteur lyrique lorsqu’il chante, je suis restée sans voix).

Est-ce que vous avez encore un argument pour refuser d’aller à l’opéra ? Toujours pas convaincu ?

Les belles rencontres

 

La version d’Emmanuelle Cordoliani est une nouvelle production du Centre Lyrique Clermont Auvergne en coproduction avec les Opéras du Grand Avignon, de Massy, de Reims et de Rouen Haute Normandie. Chacun de ces coproducteurs ayant eu un rôle dans la préparation.  Place aux présentations et aux rencontres puisque la création d’un opéra c’est surtout une équipe de passionnés.

 

Emmanuelle Cordoliani

Le métier de metteur en scène, est complexe, pas toujours évident à comprendre. Il faut savoir que le metteur en scène ne prend pas part aux castings et ni aux concours. C’est lors des premières rencontres que les choix de mises en scène évoluent pour prendre leurs directions finales, puisque la mise en scène dépend beaucoup de la personnalité des acteurs, de leur physique aussi (par exemple le contraste entre Blondchen petite, fine et très énergique et Osmin très très grand).

Ici c’est Emmanuelle Cordoliani qui s’occupe de la mise en scène. Une belle rencontre, une énergie folle qui vous entraîne, une passion communicative pour son travail, je pourrais l’écouter parler pendant des heures. Très soucieuse du détail tout en laissant la place aux artistes de s’exprimer, elle donne une direction, des points de repères, des moments clefs et laisse les chanteurs faire le reste. Elle nous a accueilli les bras grands ouverts, nous accordant du temps pendant les répétitions pour nous préciser certains points, nous expliquer ses choix. Un grand merci à toi !

Je vous conseille vivement d’aller lire son blog passionnant, une belle plume.

Les principaux rôles

Pour cet opéra les 5 chanteurs lyriques sont tous en prise de rôle, c’est un premier grand rôle pour chacun d’entre eux. Nous avons Blaise Rantoanina/Belmonte, Elisa Cenni/Blondchen, Nils Gustén/Osmin et les deux Lauréats du 25ème Concours international de chant de Clermont-Ferrand Katharine Dain/Konstanze et César Arrieta/Pedrillo. Avec eux, Stéphane Mercoyrol, un comédien qui interprète le rôle de Selim Bassa. Des personnalités différentes et pourtant complémentaires, une belle énergie se dégage de ce groupe. J’ai rencontré des personnes talentueuses et drôles !

Imaginez pendant le travail de préparation et de répétitions un joyeux mélange d’une multitude de langues, chacun étant d’une nationalité différente par exemple Elisa Cenni est italienne, Nils Gustén est suédois, ceci avec un opéra chanté en allemand et parlé en français, anglais, espagnol, allemand et persan. Cela donne de drôles de conversations, pas toujours facile à suivre.

L’équipe

Roberto Forès Veses, chef d’orchestre pour les représentations à Clermont, Avignon et Reims.

Au 2/3 des répétitions, ce n’est plus le metteur en scène mais bien le chef d’orchestre qui prend en main la suite et fin du projet. Le travail de l’orchestre, les ajustements sont fait en coordination avec l’assistant du chef d’orchestre qui est aussi le chef de chant ici Thomas Palmer. Le chef fait les derniers ajustements avec son orchestre, Emmanuelle Cordoliani et Victor Duclos n’interviennent que très peu sur scène, glissant un mot aux artistes, entre deux partitions.

Victor Duclos, chorégraphie.

Une belle complicité entre Emmanuelle Cordoliani et lui, ils travaillent ensemble, parlent beaucoup, partagent leur idées et leurs envies tout en sachant exactement ce qu’ils veulent voir sur scène. Une complémentarité qui fonctionne à merveille.

Pierre Daubigny, lumières.
L’homme de l’ombre qui met en lumières les artistes. Il donne au lieu toute son ambiance et met en valeur les artistes et les décors. Un travail dont on ignore la complexité et la précision, tellement tout nous parait évident lorsque l’on regarde un spectacle.

Julie Scobelzine, costumes.

Une partie des costumes ont été réalisé dans les ateliers de l’Opéra Grand Avignon, l’autre à Clermnt-Ferrand. Les équipes travaillent dessus depuis plus 1 an et demi, depuis les dessins préparatoires à la finalisation des costumes. A 3 jours de la répétition générale il restait encore des costumes à ajuster, des accessoires à terminer (comme le faux fessier d’Osmin) et des astuces à trouver pour faciliter les changements de costumes (pas de scratch, les costumières n’aiment pas les scratchs).

Emilie Roy, scénographie et accessoires.
Une partie du décor a été réalisée à l’Opéra de Reims et l’Opéra de Rouen Normandie.

Le décor est magnifique, on se retrouve sur le toit de ce cabaret avec cette enseigne lumineuse qui s’allume de différents manières suivant les tableaux et cette une magnifique affiche de Belmonte.
Le décor c’est le visible mais c’est aussi l’imagination. Là où par exemple les échelles doivent servir à la fuite, elles se transforment d’un coup en prison une fois poser les unes sur les autres. Il aurait été impensable et incohérent dans la mise en scène d’avoir une vraie prison su scène. Ici, l’image est bien plus poétique, les échelles synonyme liberté deviennent lieu d’emprisonnement.

Thomas Palmer, chef de chant et le Jeune Chœur d’Auvergne (à Clermont Ferrand).

Le chœur n’est pas considéré dans son ensemble ici, chacune des personnes le composant est un personnage à part entière, avec un rôle précis. Ce qui représente un gros travail de préparation pour eux aussi, non professionnels, ils doivent chanter, mais aussi danser, jouer. C’est aussi pour certains la première fois qu’ils seront costumés et maquillés (petite pensée à mon coloc’ Quentin qui fait partie du chœur).

Après ces quelques heures passées au cœur de la création de cette opéra, je n’avais qu’une seule envie : assister à la représentation !

Pour finir…

J’étais impatiente de voir le rendu final et enfin remettre le puzzle dans l’ordre et de profiter du spectacle. La boucle est bouclée.

Nous sommes le lendemain de la répétition générale, et que dire à part un grand bravo !
J’ai été impressionnée et totalement captivée tout au long de la représentation. Vous étiez tellement beaux ! L’émotion était bel et bien présente, merci pour tous ces frissons.

Merci à Fanny et au Centre Lyrique Clermont Auvergne de m’avoir permis de faire partie de cette aventure.

Alors, curieux de découvrir le Sérail ? Il faut une première à tout , jeudi soir je serai dans la salle pour la première officielle et vous ?

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Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand
Jeudi 11 janvier 2018 – 20h
Samedi 13 janvier 2018 – 15h
Lundi 15 janvier 2018 – 20h
22 Boulevard Desaix
63000 Clermont-Ferrand

Centre Lyrique Clermont-Auvergne
Maison de la culture – Rue Abbé-de-l’Épée
63000 Clermont-Ferrand
04 73 29 23 44
billetterie@centre-lyrique.com
www.centre-lyrique.com

TOURNÉE
Opéra du Grand Avignon – 18 et 20 février 2018
Opéra de Rouen Normandie – 3, 6, 8 et 10 avril 2018
Opéra de Massy – 25 et 27 mai 2018
Opéra de Reims – 13 et 15 janvier 2019

2h30 entracte compris
Chanté en allemand – surtitré en français

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